Pourquoi le mot emballage ne doit pas être synonyme de déchet : une innovation qui permet d'appliquer le concept d'économie circulaire au monde de l'emballage

Tony Foster, Directeur Marketing et commercial de la division Packaging UK de DS Smith, a récemment accordé un entretien au Guardian Sustainable Business Network sur l'application du principe de l'économie circulaire aux emballages et sur la façon dont ce secteur innove pour optimiser les coûts et réduire les déchets.

  • Quelles sont les principales raisons qui expliquent que les emballages finissent traditionnellement parmi nos déchets ? Quels seront les défis à relever pour l'avenir ?

Personnellement, je poserais la question de savoir si les emballages contribuent autant à la production de déchets qu'on le dit. Au fil des années, le secteur de l'emballage s'est fait une mauvaise réputation - le sentiment qui prédomine étant que les emballages finissent parmi les déchets. Ce sentiment est conforté par la vue des déchets et des sacs en plastique dans la rue. Le secteur est devenu une véritable cible quand il s'agit de désigner un responsable.

Cette vision des choses est cependant erronée. En réalité, les emballages ne représentent qu'un très faible pourcentage de la quantité totale de déchets. Qui plus est, les matériaux d'emballage tels que le carton ondulé sont entièrement recyclables. Il ne faut pas non plus oublier qu'un bon emballage réduit la production de déchets, car il protège les produits, permettant ainsi d'éviter qu'ils ne s’abîment et ne deviennent inutilisables.

Pour faire face à l'avenir, il s'agit donc de lutter contre cette idée fausse. Les consommateurs veulent pouvoir recycler. Nous devons faire passer le message suivant : le carton ondulé est un élément essentiel du processus circulaire de recyclage et il minimise la quantité de déchets produite. Les fibres usagées peuvent en outre être rapidement transformées en nouveaux emballages. En réalité, il ne faut que 14 jours pour boucler la boucle de l'emballage à l'emballage.

Un travail formidable est fait dans ce domaine à l'heure actuelle. Le défi qui se pose à notre secteur est de mieux diffuser cette idée et de parvenir à démontrer que les emballages constituent un élément clé de l'économie circulaire.

  • Les grandes entreprises repensent-elles leurs solutions d'emballage ? Si oui, pourquoi et comment ?

Oui, plus particulièrement dans le secteur de la Grande Distribution. Les distributeurs imposent de plus en plus d'avoir des fournisseurs qui affichent une vraie politique développement durable. Or, à cet égard, l'emballage joue un rôle important et entre en interaction avec le produit qu'il contient. Résultat : pour que leurs produits soient référencés chez les distributeurs, les fabricants doivent veiller à garantir une durabilité optimale de leurs emballages.

De plus en plus de fabricants se tournent ainsi vers les emballages en carton ondulé. Les emballages en carton ondulé sont entièrement recyclables. Par conséquent, en les utilisant, les fabricants contribuent à l'image de marque positive du distributeur et s'attirent les faveurs des consommateurs les plus soucieux de la protection de l'environnement.

Un autre facteur conduit les entreprises à repenser leurs stratégies en matière d'emballage : le coût. Les fournisseurs des enseignes de supermarché évoluent dans un contexte hautement concurrentiel, où le moindre centime peut faire la différence en termes de rentabilité. L'utilisation d'emballages durables permet réellement de compresser les coûts. Par conséquent, l'application du principe de l'économie circulaire au monde de l'emballage se justifie à la fois du point de vue des affaires que de la protection de l'environnement.

  • Les concepts « end-to-end » et « du berceau au berceau » intègrent-ils désormais l'emballage au même titre que le produit ? Est-ce souhaitable ?

La réponse à ces deux questions est : oui, absolument ! Supprimer la quantité de déchets produite par les emballages est un projet ambitieux, mais réalisable. Il est souhaitable que les entreprises s'approprient cet objectif. Dans ce contexte, il convient de ne plus parler de chaînes d'approvisionnement – un emballage performant fait en effet partie intégrante du « cycle d'approvisionnement ». Dans le cadre de ce processus, les matériaux retournent à l'état d'emballage en l'espace de quelques jours.

L'autre aspect à prendre en considération est le rôle de l'emballage : un emballage performant doit garantir la protection du produit aussi longtemps que possible et traverser le cycle d'approvisionnement avec un minimum d'impact sur l'environnement. L'emballage proprement dit doit donc s'inscrire dans le concept du berceau-au-berceau. Il doit prolonger la durée de vie des produits qu'il contient et veiller à ce qu'ils arrivent jusqu'au consommateur en bon état - venant ainsi étayer leurs références en matière de durabilité.

  • Quelles sont les tendances en matière d'économie circulaire dans le domaine de l'emballage ?

Les commerçants ont d'ores et déjà fait un gros travail dans ce domaine. L'une des tendances observées est la généralisation des cinq principes  prêt-à-vendre : l'emballage doit être facile à identifier, facile à ouvrir, facile à mettre en rayon, facile à acheter et facile à recycler.

Le travail effectué pour satisfaire aux cinq principes évoqués optimise la disponibilité des produits en stock et facilite la vie des consommateurs. De plus, il réduit la quantité globale de déchets, tant au niveau des produits que des emballages.  

En collaborant avec les fournisseurs pour assurer la conformité à ces cinq principes, nous avons fait avancer l'application du concept d'économie circulaire au monde de l'emballage et aidé de façon significative les distributeurs à atteindre leurs objectifs en matière de gestion des déchets.

Le produit doit en outre traverser facilement le cycle d'approvisionnement. Autrement dit, il doit être emballé et transporté de la façon la plus performante possible en optimisant l'espace utilisé, réduisant ainsi le nombre de poids lourds à moitié vides sur la route. Un transport efficace signifie moins de trajets en camion et moins d'émissions de CO2. L'application du principe de l'économie circulaire à l'emballage ne concerne donc pas uniquement le matériau qui le constitue, mais l'ensemble du cycle d'approvisionnement. 

  • Pouvez-vous nous donner des exemples d'innovations récentes majeures dans le domaine des emballages ?

Nous avons récemment lancé un nouveau type d'emballage en carton ondulé qui intègre le principe de l'économie circulaire. Inédit sur le marché, nous considérons qu'il constitue une innovation majeure.SalesFront désigne un type d'emballage prêt-à-vendre destiné à être placé dans les rayons des supermarchés. Sa spécificité réside dans le fait que le produit est poussé à l'avant du linéaire à chaque fois qu'un exemplaire est vendu.  

Tout en aidant les industriels à améliorer leur visibilité en rayon, il garantit l'écoulement des produits dans le bon ordre en fonction de la date limite de consommation. Les consommateurs ne vont plus chercher au fond du rayon les produits à la date de péremption la plus éloignée, ce qui permet aux supermarchés de réduire leurs déchets alimentaires.

Enfin, cette innovation soutient la démarche circulaire, car l'ensemble de l'emballage, y compris la bande élastique, peut entrer dans le flux de traitement des déchets du carton ondulé. Ses fibres sont donc entièrement recyclables. Un délai de 14 jours suffit pour les retrouver dans les rayons de supermarché sous la forme d'un nouvel emballage.